Attila botanique, ou l’aventure de l’orchidée surprise

 

Certaines personnes ont la main verte. Pas moi.

A l’adolescence, j’ai réussi à tuer des cactus, c’est vous dire. Je les trouvais un peu pâlichons, ma grand-mère m’a fait remarquer: « Mais tu les arroses de temps en temps? ». Ha oui, tiens… je les avais depuis 3 ans sans les avoir jamais arrosés. Ce que je fis donc abondamment : inutile de préciser qu’ils ont claqué instantanément en pourrissant sur pied. Voilà voilà…

Depuis que j’ai un vrai appartement à moi de grande personne, j’ai eu une première victoire avec Albertine, une charmante azalée offerte par mon Papa pour mon emménagement (oui oui, je donne des noms à toutes mes plantes, tout va bien chez moi, merci). Gros stress à l’adoption d’Albertine : les azalées il faut les arroser un tout petit peu tous les jours mais pas trop, elles ont besoin du soleil mais pas trop, etc. Traumatisée à l’idée de trucider illico ma première  plante verte dans mon premier appartement, j’en ai pris un soin maladif, avec des alertes sur mon téléphone pour penser arrosage journalier, engrais, taillage et rempotage régulier, etc. Albertine a prospéré trois ans, soit une longévité des plus honorables pour une azalée d’intérieur. Grosse fierté. Ça y est, j’étais jardinière, comparé à moi André Le Nôtre pouvait se mettre sa culotte sur la tête et s’enfouir de honte dans un bac à compost ! Bim ! Au moins !

J’ai commencé à mettre des trucs verts partout chez moi, probablement pour rattraper mes années de carence. Je ramasse aussi des trucs qui poussent quand je voyage pour les acclimater chez moi. J’ai même acheté des plantes qui me faisaient pitié au supermarché, rachitiques, soldées à 80%  tellement elles faisaient peine à voir, et depuis je suis obligée de tailler régulièrement Bob le palmarosa monstera et Sullivan le palmier qui tentent de coloniser tout l’appartement.

Toujours au supermarché, il y avait l’autre jour des orchidées. J’en ai eu une, il y a très longtemps, qui avait des fleurs au début et puis n’a plus jamais rien produit que des feuilles pendant des années. Grosse frustration. Allez hop, je me relance dans l’aventure. J’ai des collègues qui m’ont donné des conseils (vous saviez, vous, que pour faire refleurir une orchidée, il faut la « stresser » en la foutant dans un endroit froid et sombre un petit moment ? Du coup elle panique et quand on la ressort, elle fait plein de fleurs pour se reproduire au cas où…)(Tortionnaire d’orchidée, un métier d’avenir).

Comme je suis un peu joueuse, et que je n’aimais pas les fleurs de celles qui étaient en vente, je prends la seule encore en boutons, sans savoir à quoi elle va ressembler. Même pas une petite étiquette avec un dessin. Kinder surprise de l’orchidée. J’aime vivre dangereusement, moi, je suis une ouf dans ma tête. Et puis je suis une déesse du jardinage, elle sera magnifique quoi qu’il arrive hein ?

… Il n’a pas fallu 15 jours pour que la branche de fleurs se fane irrémédiablement sans qu’une seule se soit ouverte. Les boutons sont tombés les uns après les autres. Cris, rage, désespoir. Je me suis vue repartie pour 10 ans de feuilles, sans même avoir aperçu la tronche d’une seule de ces fleurs. Elle a commencé à faire la gueule sérieusement.

Une copine m’a dit que j’avais commis une grosse erreur en collant la plante près de la fenêtre et donc dans un courant d’air. L’Attila botanique en moi s’était réveillé. Le Nôtre a sorti sa tête de son bac pour me lapider à coup de slip au compost en hurlant que j’étais la risée du monde végétal. Une punition pour mon orgueil jardinier, dure mais méritée…

J’ai continué à entretenir mon orchidée feuillue en sanglotant de dépit, et elle a survécu finalement. Des feuilles sont sorties. Pleins. J’étais chonchon mais résignée. Plusieurs mois plus tard, en plein hiver, une petite branche est apparue, toute petite hein, mais… Je suis partie en voyage 10 jours, et quand je suis revenue, j’avais trois fleurs et des boutons en train de s’ouvrir. Elles sont blanches avec des jolies tâches roses et jaunes dedans.

Du coup, je ne sais pas quoi en penser. Soit je suis un génie de la botanique. Soit je suis une tortionnaire d’orchidée. Mais comme quoi, des fois le karma est sympa, même avec les Attila qui essaient de faire pousser de l’herbe.

 

 » Je mettrais bien les orchidées près des fenêtres. – Surtout pas, malheureux, pas de courants d’air! – Sérieux Attila, t’es tellement nul en jardinage que dans 1000 ans on racontera encore comment t’étais tellement nul que même l’herbe voulait plus repousser après ton passage… »

 

 

 

 

 

PS:  l’orchidée s’appelle Odoric. 😀

 

 

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