Crédits image : noustoutes.org
Salut les p’tis Lus,
Cette semaine je vous ai donné des chiffres qui font mal, sur les violences sexuelles en France, et ces chiffres ne sont qu’une partie des problèmes que vivent les femmes à l’heure actuelle dans notre société. Je vous ai expliqué pourquoi je vais aller marcher samedi 24 novembre contre les violences sexuelles et sexistes, moi qui n’ai jamais vraiment foutu les pieds dans une manifestation.
Ces derniers jours j’ai fait pas mal la promotion dans mon entourage et sur le net de cet événement qui est extrêmement important à mes yeux.
Je me suis tapée quelques crises de colère bien sentie. De constater que beaucoup de monde s’en tape. Que les Gilets Jaunes ont décidé d’improviser subitement une manif au même endroit. La préfecture a déplacé la marche contre les violences sexuelles et sexistes ailleurs dans Paris, pour garantir la sécurité du cortège (ce qui en soi est mieux) : le problème, c’est qu’une fois de plus les « histoires de bonnes femmes » sont minorées et pas priorisées. Les médias ne s’occupent plus que des gilets jaunes, et la marche qu’on prépare depuis des mois passe du coup à la trappe, ce qui est rageant. En dehors de ça, j’ai lu un nombre incalculable de commentaires, agressions, et insultes envers les féministes, voire juste les femmes. Que la lutte des Gilets Jaunes était plus importante que la nôtre donc on est bien gentilles, mais on n’a qu’à aller manifester ailleurs, ça va quoi. Voire arrêter de faire chier avec nos conneries, parce qu’il y a des femmes chez eux et qu’ils sont moins égoïstes que les salopes hystériques que nous sommes (merciiiii j’ai rempli mon bingo des insultes!). Des incitations à la fermer parce que c’est bon, l’égalité on l’a. Qu’il y en a marre des chouineuses, de quoi est-ce qu’on est ENCORE en train de se plaindre, qu’il y a des problèmes plus graves, que c’est nous qui faisons du mal aux femmes, etc, etc.
Ca m’a fatiguée. Moralement, c’est usant de se manger toute cette incompréhension et cette agressivité dans la figure en permanence.
Mais il y a aussi plein de bons côtés. J’ai des gens autour de moi dont j’ai été surprise de les voir défendre cette marche et annoncer leur participation. J’ai des amies et des amis qui ont décidé de venir demain, et certains m’ont dit qu’ils le faisaient parce que je les ai convaincus du problème et de l’importance de manifester. Ou même tout simplement qu’ils avaient déjà envie d’y aller, mais pas seul, et que le fait qu’on soit plusieurs à s’y rendre les a motivés à descendre dans la rue. Et ça me fait chaud au cœur, vraiment. Je me dis que je ne m’égosille pas tout à fait pour rien. Que même si j’ai été entendu ne serait-ce que d’une personne, ça mérite le temps que j’y passe et la violence qu’on se ramasse dans les dents. J’ai lu aussi des répliques qui m’ont faite hurler de rire, des messages plein d’enthousiasme et de courage, des personnes qui m’ont donné envie de les prendre dans mes bras en criant « MERCIIIIIII !!! », des gens qui ont réfléchi et qui donnent l’espoir qu’on peut changer les choses.
Ce matin, j’ai découvert cette vidéo de la chanson « Debout les femmes », qui m’a fait pétiller du sourire jusqu’au fond des yeux. 39 musiciennes se sont réunies à l’initiative du duo Brigitte pour reprendre ensemble l’hymne du MLF. Les paroles ont été écrites en 1971 pour une grande manifestation du Mouvement de Libération des Femmes. La chanson n’avait pas vocation à devenir l’hymne d’un mouvement mais seulement d’être entonnée lors d’un rassemblement. À ce propos, Josée Contreras précise : « J’ignore quand la chanson Nous qui sommes sans passé, les femmes… a été promue au rang d’Hymne du MLF, mais une telle perspective aurait suscité stupéfaction et hilarité chez les quelques femmes du Mouvement qui l’ont improvisée un soir de mars 1971. ».
On est en 2018, elle n’a rien perdu de sa force. Elle donne envie de ne pas se laisser abattre. Je veux dire vraiment merci à mes amies, et à toutes ces inconnues qui seront demain place de l’Opéra pour qu’on marche ensemble. J’ai hâte qu’on se retrouve, de voir que nous serons nombreuses, et fortes et unies, parce que c’est important pour se donner du courage et changer le monde.
J’espère que demain, nous serons nombreuses dans la rue. Debout.
Cordialement, bisous,
Simone
Le 24 novembre, nous marcherons sur le site noustoutes.org
La pétition sur le site change.org : Nous marcherons le 24 novembre contre les violences sexistes et sexuelles
Debout les femmes
Nous, qui sommes sans passé, les femmes,
Nous qui n’avons pas d’histoire,
Depuis la nuit des temps, les femmes,
Nous sommes le continent noir.
Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout ! debout !
Asservies, humiliées, les femmes,
Achetées, vendues, violées,
Dans toutes les maisons, les femmes,
Hors du monde reléguées.
Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout ! debout !
Seule dans notre malheur,
les femmes, L’une de l’autre ignorée,
Ils nous ont divisées, les femmes,
Et de nos sœurs séparées.
Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout ! debout !
Reconnaissons-nous, les femmes,
Parlons-nous, regardons-nous,
Ensemble on nous opprime, les femmes,
Ensemble révoltons-nous.
Debout femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout ! debout !
Le temps de la colère, les femmes,
Notre temps est arrivé,
Connaissons notre force, les femmes,
Découvrons-nous des milliers.
Les paroles sont interprétées sur l’air du Chant des marais. Les bénéfices engendrés par le morceau ci-dessus seront reversés à la Maison des femmes de Saint-Denis.
On se demande pourquoi on devrait opposer un mouvement de femmes (des humaines « françaises ») à un mouvement général initié contre un gouvernement qui enfonce la tête de ses petits sujets si moches et sales dans une chape bétonnée, jusqu à ne plus pouvoir espérer quoique ce soit, à part survivre jusqu’à la fin du prochain mois sans générer de dettes (les banques savourent). Hommes et femmes au SMIC subissent cette merde en silence pendant que les bougeois vivent bio dans la joie. Certaines femmes subissent à cause de cette odieuse situation la violence d’hommes PMUment ivres conscients d’être RIEN, justes moches et inutiles. Et d autres craignent la violence d’hommes trop certains d’être indispensablement beaux et bios.
Ce n’est pas qu’une histoire de voiture… ce sont deux mondes qui s’opposent…
Et je vous soutiens comme je soutiens ce mouvement étrange dans lequel femmes, et hommes de tous bords politiques se révoltent.