Hello public enthousiaste,
Pour changer un peu et parce que ce sont les vacances, je vous mets un petit texte de ma production littéraire. Je me suis rendu compte que j’aime bien écrire des mini nouvelles d’une page à peine, en parallèle de quelque chose de beaucoup plus gros sur lequel je travaille. Qui sait, quand j’en aurais écrit plein, j’en ferai peut-être un jour un recueil…
J’ai tout plein de projets pour la rentrée. Il va y avoir des rencontres en live, du changement sur le site, j’ai envie de faire plein de choses, je ne sais pas encore trop comment je vais concrétiser tout ça, mais je suis en train d’y réfléchir sérieusement et de planifier des trucs. Ce sera un peu la pause ici en août, je prends aussi des vacances, pour mieux revenir avec plein de contenus chouettes à la rentrée.
En attendant de se retrouver en septembre, profitez bien de votre été, bonne lecture de ma nouvelle sur la plage si vous avez la chance d’y être, et n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour me dire si vous avez aimé ou pas !
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Le grand mésange
C’est un rituel de tous les matins. A l’heure où le jour se lève et où les grands bipèdes dorment encore, l’oiseau, lui, est déjà debout. Il est sorti du nid, a ébouriffé ses plumes jaunes et bleues, effectué un vol de reconnaissance du quartier et grignoté un ou deux insectes. Il a participé au chœur de l’aube, quand tous les oiseaux du quartier chantent ensemble au lever du soleil et réveillent les personnes au sommeil trop léger.
Quand arrive l’heure, l’oiseau est souvent au-dessus du jardin de Madame Robin ou derrière le presbytère. Il entend claquer le pas familier. Parfois aussi il est pris par surprise, ne l’a pas entendu arriver. L’oiseau se met à sautiller sur sa branche, surexcité, et volète jusqu’à un lampadaire pour vérifier qu’il ne s’est pas trompé.
C’est lui. Le grand bipède ressemble à un humain normal. Toujours en costume cravate, élégant, avec un sac à dos à ordinateur, cheveux très courts. Sauf que cet humain là n’est pas comme les autres. Cet humain là…
Il descend la rue vers la gare, tôt, très tôt. Et il siffle. Il ne siffle pas une chanson, ou un sifflotement distrait, non.
Il siffle en mésange.
Quand il se lance dans les trilles, le silence des hommes devient aussi celui des animaux. Ça leur cloue littéralement le bec, comme qui dirait. Il y a toujours un blanc. Ils penchent la tête, se regardent les uns les autres, intrigués voire inquiets. C’est leur langue, sans l’être tout à fait. C’est de la sorcellerie. Ça remue leurs toutes petites tripes. Ça rappelle une époque où les hommes et les oiseaux se parlaient, il y a longtemps, avant que ces derniers saccagent tout avec leurs villes pleines de béton.
L’oiseau trépigne sur sa branche. Il saute sur le muret. Il suit le grand bipède. Il lui parle. Il lui parle vraiment, il essaie, il crie, il s’époumone :
“Je t’entends, je t’entends, je suis là, je t’entends mais je ne te comprends pas, pourquoi est-ce que tu parles sans que je comprenne, je suis là, lève la tête, mieux que ça, oui tu me regardes, je sais que tu m’as vu, mais tu ne me parles pas, pas vraiment, je ne comprends pas, dis-moi quelque chose d’intelligible, JE NE COMPRENDS PAS !!! ”
Chacun siffle de son côté, attend la réponse de l’autre, et recommence. Un dialogue où hélas ils ne peuvent saisir ce que l’autre veut dire. Ils utilisent la même langue, le même sifflement, les mêmes notes, mais sans se comprendre. L’oiseau est horriblement frustré, un peu comme si les humains voyaient débarquer des extraterrestres, fabuleusement dotés de cordes vocales, capables de produire une voix que leurs oreilles captent, mais sans partager un même langage, pas un mot en commun, rien pour se comprendre.
L’oiseau siffle et chante, tout son répertoire, jusqu’à ce que le grand bipède soit parti vraiment trop loin et ne réponde plus. Parfois il le suit jusqu’à la gare et l’observe disparaître dans le train. Il l’a entendu chanter en merle aussi, et en geai, en pie. Moins bien qu’en mésange, mais il sait chanter leurs langues, sans les parler hélas…
L’oiseau en est sûr. Il fera preuve de persévérance. Un jour, ils se parleront pour de vrai.
Un jour, le grand bipède sera un vrai grand mésange.
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Ce texte-ci est dédicacé spécialement à mon père, qui siffle comme les mésanges au point qu’elles s’y méprennent et lui répondent. Merci Papa d’avoir enchanté mon enfance et mon maintenant en parlant avec les oiseaux.
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Merci très chère fillote, pour ce texte super sympa, si vivant et d’autant plus touchant quand on est en situation de pouvoir deviner dès le départ qui est ce grand Mésange !
Héhé il se peut que certaines personnes aient trouvé son identité secrète mais ne le dites pas aux mésanges !