Une histoire au poil. Qui me défrise.

Coucou mon lectorat préféré,

Je suis un petit peu effarée parce qu’hier soir j’ai posté un bête truc sur Twitter, et ça a pris une ampleur inattendue vu mon audience habituelle.

J’ai parlé de mes poils. Si si, littéralement. Une histoire cocasse et poilue de moi-même, moi, ma vie, mon œuvre et ma pilosité, qui a eu un gros succès. Je suis vraiment la meuf la plus glamour de la planète ! Sauf que… Ce qui m’a sciée, c’est le nombre de réponses qui me remerciaient chaudement car ils ignoraient absolument tout ce dont je parlais, il y a un manque total d’informations sur le sujet de l’épilation laser. Du coup désolée pour ceux qui sont arrivés ici via Twitter et déjà lu cette affaire, mais je vous la recopie en agrémentant un peu ici, parce que c’est VRAIMENT important. Si, je vous jure. Mesdames, messieurs, lisez, oui, c’est pour tout le monde !

Ça a commencé par un message ironique comme ça, parce que je trouvais trop dommage de laisser dire que les poils sous les bras c’est une question d’hygiène :

J’ai donc décidé de raconter mon histoire avec mes poils et pourquoi il ne faut pas tout décimer. Je suis brune, la peau très claire, chevelure de folie, brillante, épaisse, qui pousse super vite. Et vous savez quoi ? Le reste aussi évidemment ! Oui TOUT le reste, quelle petite veinarde !

J’ai de plus un léger déséquilibre hormonal. À l’adolescence il était plus sérieux et ça m’a valu plein de problèmes gynéco, sans compter ce délicieux médecin qui m’a dit :
 » Dites ça pousse dru, non ?
Moi : Ha ? Ben euuuuh, ça me gêne pas moi…
Lui : Oui oui, c’est ce qu’on dit hein… »

Presque 20 ans après je lui en veux encore à mort de cette phrase et ce petit sourire condescendant. Il m’a prescrit une pilule contraceptive en vantant surtout le fait que ça allait diminuer drastiquement ma pilosité, dieu merci. Vous imaginez un peu l’impact sur une gamine de 17 ans ? Si même le médecin trouve que tu es beaucoup trop poilue…

Ça et quelques autres remarques cinglantes, me voilà donc joyeusement partie pour des années d’un épouvantable complexe sur ma pilosité. J’étais persuadée d’être anormale, bien trop velue, un vrai monstre, que tout le monde ne voyait que ça (en vrai, pas du tout). Le duvet sur mes lèvres ? Une horreur à éradiquer. Un poil sur le mollet ? Plutôt sortir en moon boots au mois d’août. Je vivais la pince à épiler toujours à portée de main et dans l’angoisse d’avoir oublié le moindre poil.

J’ai essayé plein de choses. La crème dépilatoire me brûlait. Le rasoir ça durait 10h et ça recommençait déjà à piquer sévère, sans compter le festival de la repousse sous peau fine qui te fait des infections et des boutons . L’épilateur électrique me faisait un mal de chien et j’y passais des heures pour un résultat pas très satisfaisant. Les bandes en cire du commerce ne retiraient presque rien sur mes poils trop épais et il m’en fallait 3 boîtes, sans compter un tas de contorsions désespérantes. Quand j’ai commencé à travailler, Body Minute a fait fortune grâce à moi, j’étais obligée d’y retourner toutes les 2-3 semaines pour être « impeccable ». J’ai jamais osé faire le calcul financier mais…

De guerre lasse, j’ai fini par acheter une offre pas trop chère sur Groupon pour une épilation au laser sur jambes complètes, aisselles, maillot classique. J’y ai quand même mis plusieurs centaines d’euros, du temps et de la douleur encore, par ce que oui, quand on crame des trucs sous ta peau, ça douille ! (A noter sur Twitter on m’a décrit ça comme « avoir la peau décapée à la sableuse ». C’est assez juste.)

Accessoirement je ne le savais pas à l’époque mais les opérateurs qui font ça sont sensés protéger tes grains de beauté et autres marques pigmentées. L’institut où je suis allée était une véritable usine avec des opératrices laser, pas des médecins, et ça n’a pas été fait. Alors que j’en avais plein, je n’ai plus un seul petit grain de beauté sur les jambes, parce que ça dépigmente. Je ne sais pas dans quelle mesure c’est dangereux ou pas, mais pas sûre que ce soit vraiment top.

Deuxième, énorme et principal problème survenu : mes aisselles justement ! Mes aisselles pourtant devenues si hygiéniques et esthétiques sans poil !

Alors… spoiler alert de méga dingue de l’univers ta grand-mère en slip de guerre (dédicace expression de mon adolescence) :

L’ÉPILATION MÊME DÉFINITIVE AU LASER N’EMPÊCHE PAS LA TRANSPIRATION ET LES ODEURS.

Ha ouais. Merde. Moche hein ? L’hygiène serait une question savon ?

Dans mon cas ça a même totalement empiré les choses. Depuis cette brillante opération, je suis devenue petit à petit intolérante à tous les déodorant du commerce et n’en supporte plus aucun, en 2 à 6 jours je fais des grosses réactions avec démangeaisons et plaques.

Très important : quand on éradique les follicules pileux, la base des poils en les brûlant au laser, le problème c’est qu’on détruit en même temps la petite glande sébacée qui est chargée de lubrifier la peau. Et ça bien sûr, personne ne vous le dit avant.

J’avais déjà la peau fragile, les aisselles le sont encore plus car la peau y est plus fine. Terminée les glandes hydratantes, bonjour irritations, démangeaisons voire plus violent. Un jour, un mélange de déo fait maison, que du bio, passé dans le chlore de la piscine m’a littéralement BRÛLÉ les aisselles. Je me suis retrouvée avec une énorme plaque de chaque côté comme si on m’avait collé un fer à repasser brûlant sous les bras. 4 semaines de cicatrisation, peau fripée, rouge et ultra douloureuse. Pis c’est super, dans la vie on bouge pas trop les bras hein. Le pied total comme vous l’imaginez…

En dehors de ces merveilleuses aventures de mes dessous de bras, les déodorants, donc. Ceux du commerce, terminé. Les bios, naturels, etc : inefficace la plupart du temps, c’est bien l’hiver mais dès le moindre coup de chaud dans le métro ça ne tient plus la route. Je vous laisse imaginer l’été. Joie et bonheur. Je suis obligée de trimballer partout lingettes et déodorant pour en remettre plusieurs fois par jour en cas de grosse chaleur. J’ai fini par en trouver un cet automne qui a l’air de tenir la journée, ne m’a collé aucune réaction pour le moment, j’attends de voir cet été.

(Pour celles et ceux que ça intéresserait, c’est le déodorant crème Citrus de Soapwalla… Je ne peux que lui reprocher de sentir fort le citron et de faire des traces sur le linge blanc si on en tartine trop, mais c’est un moindre mal. Ha oui. Et son prix. Moi qui devais faire des économies… Bon je suis dégoutée mais en vrai ça dure très longtemps le pot, je l’ai depuis 3 mois et j’ai dû en user à peine la moitié. )

Enfin passons à autre chose… Parce que vous imaginez après tout ça sur mes aisselles… les jambes sont sèches un peu mais pas pire. En revanche…

MAIS JE BÉNIS TELLEMENT LE CIEL DE PAS AVOIR FAIT UNE ÉPILATION INTÉGRALE DU MAILLOT !!!

Là ça n’est plus seulement des problèmes de peau et de déodorant que j’aurais pu avoir, mais bien pire. Et ça non plus personne ne vous en parle avant, évidemment.

Sérieux allez écouter ce médecin gynécologue, qui sur France Inter met en garde sur l’épilation définitive. C’est édifiant. Recrudescence des MST, obligation pour certaines d’utiliser jusqu’à la fin de leur jour des produits hydratants… Dans la psychose du glabre, on oublie que les poils sont une protection pour zones fragiles. Les éradiquer définitivement : très mauvaise idée.

Donc voilà, vous avez eu le récit complet de moi, ma vie, mon œuvre et mes poils.

D’un certain côté j’étais contente, fini de se prendre le chou le matin, j’enfile jupe ou débardeur sans y penser. Et encore. Maintenant après 5 ou 6 ans il y a des poils qui reviennent un peu. Rien de comparable à avant, certes. Malgré mon féminisme et mes convictions que chacune devrait pouvoir se balader poils au vent, sans dépenser argent et douleur, pour être totalement honnête je ne suis pas sûre que j’assumerais en public ma pilosité riche, sombre et rapide, tellement c’est mal vu.

Est-ce que je le referais si je pouvais revenir en arrière ? Honnêtement ? Pas sûr vu tous les problèmes que ça m’apporte dans mon quotidien avec ces histoires de déodorant de l’enfer, de trimballer dans mon sac lingettes et déo, etc. Si j’en avais su autant sur les risques… Non. Bien sûr tout le monde n’aura pas ces problèmes, heureusement. Mon cas est peut-être rare, ou pas, je n’en sais rien, et en tous les cas il existe.

Chacune et chacun devrait être libre de faire ce qui lui fait envie de ses poils sans être pointé du doigt. L’argument de l’esthétique ne tient pas. Pourquoi ça « dégoûte » sur les femmes, mais pas sur les hommes ? Quant à l’argument de l’hygiène, au vu de ce que je viens de vous raconter… Non seulement ça ne tient pas du tout la route, voire ça peut empirer le problème. Et sur les zones les plus fragiles du corps, particulièrement le sexe, ça peut créer de sérieux problèmes.

Je ne porte pas de jugement, en rien. Chacun et chacune fait ce qu’il peut et veut de sa pilosité vu notre société. Juste, pitié, renseignez-vous bien, ne moquez pas les autres, et surtout ne vous mettez pas en danger pour suivre la mode. Parce que franchement… Me dire que j’en suis arrivée à défoncer une fonction naturelle de mon corps, l’hydratation de ma peau, que je dois soigner à vie, pour suivre une injonction hygiénique et esthétique d’une bêtise totale car ne concernant que les femmes… C’EST CONSTERNANT !

Je vous mets quelques liens ci-dessous. Prenez soin de vous, informez-vous bien, faites attention à vous, et ne vous moquez pas des autres, quelle que soit leur décision sur leur pilosité.

Cordialement, bisous,

Votre Simone,
qui se tartine les aisselles tous les soirs d’huile de coco…

Pour en savoir plus :

Attention à l’épilation définitive : la mise en garde du gynécologue Jean-Marc Bohbot

Leçon de savoir-vivre sur Internet par une jeune femme Sikh

9 thoughts on “Une histoire au poil. Qui me défrise.

    1. Alors je me suis mal exprimée, ce n’étaient pas des gros grains de beauté, plus des tas de petites tâches de pigmentation qui ont diparu. Mais j’irai voir quand même un dermato un jour, au cas où.

  1. Merci pour ton témoignage sincère! Quel connard ce médecin! C’est nul, les gens se rendent pas compte que extrême jeunesse rime avec très grande vulnérabilité. Je vais partager ton article, tiens

    1. Oui, c’est vraiment l’archétype du médecin paternaliste qui se permet des jugements sur l’apparence des patientes, et je suis sûre qu’il dirait avoir agi pour mon bien. Alors que pas du tout.
      Après je ne vais pas me lancer sur les violences sexistes voire sexuelles du milieu médical, on pourrait en faire 12 articles entiers…

  2. Je te conseille de faire le point avec un dermato. C’est hallucinant que ce soit pour les poils ou un sourire plus blanc que blanc, il y ait la possibilité d’être entre les mains de pseudos pros alors qu’il en va de la santé bien plus que de l’effet esthétique à court terme.

    1. Oui c’est quand même fou quand on y pense. Il faudrait presque rendre une consultation dermato obligatoire avant d’aller faire une épilation laser… Mais bon évidemment ça tuerait cette industrie et ça m’étonnerait que ça marche, alors que ça devrait être un passage obligé pour être bien informé !

Tu veux klaxonner aussi ?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.