Le monoï de la RATP

Mes petites marmottes en culotte,

 

Je ne vais pas dévoiler un scoop en vous disant qu’il fait froid et moche en ce moment, qu’il fait nuit à 17h15 et que c’est la déprime. Pour ma part, la nuit noire à 17h15 a tendance à me rendre franchement chonchon.

Mais hier soir… Je suis montée dans un bus. Qui avait affiché 8 minutes d’attente pendant un bon quart d’heure, avant de passer à 3, puis re-8, puis 4, puis 6, etc, et au vu de la température, mon délicieux caractère (haha) commençait à s’aigrir un tant soit peu.

J’étais, disons-le, un tantinet contrariée. Sous-titre : en train de maudire le conducteur du bus et toute son ascendance dont la profession a dû consister à vendre son affection corporelle à des tarifs étudiés, sans compter les programmeurs de ces affichages horaires certainement conçus par des berniques neurasthéniques défoncées à la marie-jeanne. Dans un élan rarissime de mauvaise foi (re-haha),  j’ai songé qu’au lieu de construire des installations scientifiques de folie pour mesurer les déformations de l’espace-temps, mes collègues physiciens feraient mieux de caler leurs fesses dans un abribus RATP pour leurs recherches, parce que le temps s’y déforme vraiment de façon effarante.

Quand le bus est ENFIN arrivé, je suis montée dedans avec toute ma mauvaise humeur, au point de faire pencher subitement ledit bus côté porte, quand soudain… soudain… Au moment où je m’asseyais, une délicieuse odeur s’est jetée dans mes narines. Les dites narines étant le plus souvent violentées par des odeurs corporelles douteuses dans les transports en commun, c’était déjà en soi un cadeau. Mais c’était même mieux.

Ça sentait la fleur de tiaré. L’huile de monoï. Quelque chose qui a subitement mis du soleil et de la douceur dans le bus. Ça sentait les vacances, les pieds dans l’eau fraîche avec les vagues qui recouvrent et découvrent les orteils vernis, le sable chaud sous les espadrilles, les sapins au bord de la plage, et le petit verre au port avant de rentrer à la maison.

Sans même m’en rendre compte j’avais fermé les yeux et je sniffais à petite goulée ce parfum d’été. J’ai regardé attentivement autour de moi : aucune personne bronzée en short de bain, revenant de l’autre bout du monde avec une étiquette « Tahiti » sur sa valise cabine.  J’en ai conclu qu’un quidam (ou une quidamesse)(comment ça ce mot n’existe pas?) avait eu l’idée délicieuse de se tartiner d’huile au monoï sous son écharpe et sa doudoune.

Ça m’a inspirée. Le soir après ma douche, j’ai sorti un flacon d’huile parfumée que mes gentils voisins m’ont ramené du Brésil. Dehors il pleuvait avec un vent glacial, et dans mon appartement c’était Copacabana. C’était l’été au cœur de l’hiver, et c’est fou ce que ça fait du bien au moral…

 

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