Dao, ou comment j’ai changé la vie de quelqu’un en toute simplicité

Coucou les pioupious,

 

 

Après une pause estivale bien méritée, je reviens vers vous pour essayer d’être un peu plus productive que pendant mes congés (principales activités : aller au marché, boire du café au bar avec les petits chats, apéro, barbecue, sieste, plage, re-apéro, dîner, dodo. La honte intersidérale, j’ai même pas ouvert un cahier à dessin…)

J’avais envie de vous parler de Dao, parce que je viens de recevoir un courrier d’elle. Mais qui est Dao, me direz-vous ?

Dao, c’est ma filleule que je n’ai jamais rencontrée.

Mais comment donc, allez-vous me dire ? Une filleule ? Jamais rencontrée ? Qu’est-ce que tu as encore fumé hein ? Hé bien rien du tout si vous voulez le savoir, ça fait même 3 jours et demi que j’ai re-arrêté de fumer et je vais pas tarder à aller égorger des bébés loutres avec les dents en signe de nervosité suprême ALORS ME LES BRISEZ PAS OU…

Ahem, pardon, je m’égare.

Donc. Il se trouve que je parraine Dao depuis que je suis rentrée du Vietnam il y a 6 ans. Très vite après mon retour en France, j’ai contacté l’association Enfants du Mekong et me suis engagée à verser une petite somme tous les mois pour financer la scolarité d’un ou une enfant en Asie.

Pourquoi j’ai fait ça ? Quand je vivais à Hanoï, un de mes colocataires était revenu très ému après avoir rencontré une famille locale que son oncle parrainait depuis des années, pour laquelle il avait permis aux enfants d’aller à l’école, et clairement à toute la famille en question de surmonter des drames de vie assez difficiles.

Par ailleurs, j’ai eu l’opportunité de partir dans les montagnes au nord du pays et d’aller vivre 8 jours dans une tribu Hmong, du côté de Sapa, où on a partagé une toute petite tranche de leur vie quotidienne, et là, je peux vous dire que ça m’a sévèrement secoué les cloches quant à ma vie ultra-privilégiée.

 

C’était beau mais un peu brumeux…

 

J’ai rarement eu autant dans ma vie l’impression d’être une extra-terrestre, à me demander : « Mais qu’est-ce que tu fous là avec tes gros sabots de morue occidentale à venir squatter chez des gens qui t’accueillent, alors qu’ils n’ont tellement rien qu’ils ne savent même pas s’ils pourront manger et nourrir leurs gosses dans un mois? Sérieusement ? Qu’est-ce qui t’es passé par la tête ? « . J’ai eu honte de moi. Franchement. Et je peux vous dire que ça m’a vaccinée net de chouiner pour un certain nombre de choses. Bien sûr tout le monde a le droit d’avoir ses soucis, mais moi j’ai toujours eu un toit sur ma tête, à manger dans mon assiette et des sous dans mon porte-monnaie. Eux, ils n’ont pas toujours cette chance.

J’ai un peu discuté avec certaines personnes, et ce qui m’a frappé, c’est une grande gaieté en même temps qu’un certain fatalisme, quant à leur manque de choix pour l’avenir. En rentrant j’ai lu pas mal de choses sur les ethnies minoritaires au Vietnam, les problèmes qu’elles rencontrent avec le gouvernement, les soucis de pauvreté, de manque d’éducation, d’alcoolisme, etc. Je savais très bien que je ne pouvais pas tout résoudre à moi toute seule, mais je me suis dit qu’essayer d’améliorer la vie d’au moins UN enfant, avec cette association, ce serait déjà pas mal.

On vous propose de donner vos souhaits au cas où ça corresponde à un profil existant, et j’ai demandé  à ce que ce soit plutôt une fille, et plutôt au Vietnam si possible. Ce fut très possible et c’est même tombé sur une jeune fille de l’ethnie Hmong habitant du côté de Sapa, probablement pas très loin de là où j’étais allée. Autant vous dire que le hasard a très bien fait les choses.

Ca fait donc 6 ans que je parraine Dao pour qu’elle puisse aller à l’école. Il faut savoir là-bas, souvent les enfants quittent l’école très jeunes pour travailler avec leurs parents, particulièrement les filles qui se marient et ont leurs premiers enfants assez tôt. L’école étant gratuite, la somme que je verse permet à la famille de vivre sans avoir besoin de faire travailler Dao, et de payer le matériel scolaire ou ses habits pour l’école.

On s’envoie régulièrement des petites lettres. Nos correspondances sont limitées parce qu’il y a de gentilles personnes qui se tapent la traduction vietnamien/français, je n’ose pas écrire des épîtres de 15 pages ; on se dit peu de choses mais ça me ravit toujours de recevoir des nouvelles. Elle m’envoie aussi ses bulletins de notes à la fin du semestre, et des petits mots très gentils pour dire qu’elle pense à moi, qu’elle travaille dur pour que je sois fière, et me souhaite autant de bonne choses que je lui en ai apportées. J’ai une photo d’elle, une seule, en costume traditionnel Hmong, elle est jolie comme un cœur, et elle était très contente de me l’envoyer, parce que c’est rare les photos.

 

J’ai hésité à mettre la photo de Dao, mais je me suis dit que ça ne se faisait pas trop de la coller sur le net sans lui demander son avis. Du coup vous avez droit plutôt à une photo des petits chiens que j’avais prise à Sapa. Z’êtes contents hein ?

Quand j’ai commencé à la parrainer elle était au collège, elle attaque la classe de première en septembre. Plus tard elle voudrait être institutrice, on verra avec l’association comment on peut arranger la poursuite de ses études après le lycée, si elle en a toujours envie.

Je ne veux pas la pousser absolument à poursuivre ses études pour me faire plaisir en ayant des bonnes notes. Tout ce que je voudrais pour elle, c’est qu’elle ait le choix. La possibilité de ne pas lâcher les études parce qu’on a besoin d’elle pour travailler, la possibilité de rêver un peu. Je ne sais pas quels sont vraiment ses projets d’avenir, ses rêves, ses envies, je projette sûrement sur elle des choses qui ne lui passeraient pas par la tête. Je suis un peu frustrée d’en savoir si peu, et en même temps ravie quand je reçois ses petits mots. J’aimerais bien retourner en Asie et la rencontrer un jour.

Pour le prix d’un resto à Paris, soit 28€ par mois que je peux déduire à la fin de mes impôts à 75% (ça fait 7€ au final), j’ai changé la vie de Dao. Même dans les situations où j’ai un peu galéré financièrement, je me suis toujours tenue à poursuivre ma cotisation mensuelle, parce que c’est trop important pour elle, et aussi pour moi. Car oui, ne nous voilons pas la face, ça flatte aussi ma bonne conscience, et ça me fait du bien au moral.

Je me dis que, même à toute petite échelle, une personne dans ce monde a une vie peut-être un peu meilleure grâce à moi. Une enfant qui est scolarisée, nourrie et habillée, ce qui n’était pas gagné d’office pour elle, alors que ce devrait être la base pour n’importe quel enfant dans le monde.

Sur les 67 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école primaire alors qu’ils en ont l’âge, plus de la moitié sont des filles. Je n’étais pas encore féministe à l’époque où j’ai adhéré à l’association, mais je suis encore plus contente maintenant de l’avoir fait pour cette petite fille, qui n’est plus si petite à présent…

Alors voilà. j’avais envie de vous parler de Dao, parce que je viens de recevoir sa dernière lettre. Et aussi son bulletin. Et qu’elle m’annonce triomphalement passer en première.

Je crois que vous aussi, vous pouvez changer la vie de quelqu’un. Prêts à enfiler vos slip par-dessus vos pantalon pour devenir des super-héros ?

C’est par là que ça se passe ! > https://parrainage.enfantsdumekong.com/

 

Cordialement, bisous,

 

Votre Simone, en slip vietnamien par-dessus son pantalon européen

 

 

 

 

 

 

 

 

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