Rercherche d’emploi : à 60% de compétence, je me lance !

Mes petits loulous,

 

J’ai toujours peu de temps et je voulais garder certains sujets pour mes futures vidéos (ça devient l’arlésienne cette histoire), mais je me suis dit que c’était trop bête de ne rien poster. Et puis ça n’est pas parce que je vous écris des choses ici que ça m’empêchera d’en reparler plus tard sur Youtube, il est mondialement connu que je radote.

 

Je suis dans une phase professionnelle compliquée, il est possible que je doive bientôt chercher un nouveau boulot. Du coup je voulais partager avec vous une découverte qui a radicalement changé ma façon de chercher du travail. Tous les gens à qui j’en ai parlé étaient sciés.

Je vous raconte. Il y a quelques années, la grosse société américaine Hewlett Packard s’est demandée pourquoi il y avait si peu de femmes à des postes clés dans l’entreprise. Ils ont lancé une étude et il en est ressorti une découverte intéressante. Sur un poste supérieur, les hommes postulent pour une promotion quand ils remplissent environ 60% des compétences requises. Les femmes ne candidatent que lorsqu’elles remplissent 100% des critères demandés.

60% versus 100%. Vous réalisez un peu ce que ça veut dire ?

Ce qui se passe en interne chez HP est symptomatique de tout le marché de l’emploi. J’ai repensé à la quantité innombrable d’offres auxquelles je n’ai pas candidaté. S’il me manquait une ou deux compétences, j’étais certaine que ça ne valait même pas le coup d’envoyer mon CV et qu’il partirait direct à la poubelle. Il est probable que pendant ce temps, d’autres candidats n’ont pas eu ma retenue et ont donc logiquement bien plus de chance que moi de décrocher le poste vu que je n’ai TOUT SIMPLEMENT PAS ENVOYÉ MON CV.

Il y a un tas d’explications sociales et culturelles à ce fossé entre les deux approches, et la principale est le manque de confiance que la plupart des femmes ont en leurs capacités. On élève souvent les filles à être de « bonnes élèves », parce qu’elles sont dites plus sages, plus matures, etc ; au final elles préfèrent ne pas se lancer dans une action ou ne pas montrer un résultat s’il n’est pas parfait, en souvenir de l’angoisse de ramener une mauvaise note à la maison alors qu’on est sensé avoir un carnet de notes exemplaire. Je caricature, mais pas tant que ça.

Je vous mets ci-dessous un talk très intéressant, où Reshma Saujani raconte une histoire surprenante : dans les premiers jours de cours de code informatique, au bout de 20 minutes une élève reste figée devant un écran blanc. On pourrait croire qu’elle n’a rien fait du tout. Quand la prof passe, elle fait un retour arrière au clavier pour voir ce qu’il en est : l’élève a commencé à écrire des solutions, elle n’était probablement pas loin de la réussite, mais parce qu’elle a vu que ça ne fonctionnait pas, elle a préféré tout effacer plutôt que de montrer un travail qui n’était pas réussi.

 

 

Avant même d’arriver à une réussite ou un échec, il faut bien commencer par se lancer dans l’action. Le chercheur en psychologie Zachary Estes s’intéresse depuis longtemps à la disparité de confiance entre les hommes et les femmes. Il y a quelques années, il a donné à 500 élèves une série de tests qui consistait à réorganiser des images en 3-D sur un écran d’ordinateur. Il mettait à l’épreuve deux ou trois choses – l’idée que la confiance peut être manipulée et l’idée que, dans certains domaines, les femmes en ont moins que les hommes.

Lorsque Estes a demandé aux élèves de résoudre une série de ces puzzles spatiaux, les femmes ont obtenu des résultats bien pires que les hommes. Mais lorsqu’il a examiné de plus près les résultats, il a constaté que les femmes avaient mal réussi parce qu’elles n’avaient même pas validé de réponse à un grand nombre de questions. Il a donc répété l’expérience, en disant cette fois aux élèves qu’ils devaient au moins essayer de résoudre tous les puzzles et entrer une réponse à chaque question. Et devinez quoi : le score des femmes a fortement augmenté, se hissant au même niveau que celui des hommes.

C’est une histoire de fous, non ? Mais qui laisse aussi l’espoir qu’on peut faire progresser la situation.

Si je n’envoie pas mon CV, on ne risque pas de décliner ma tentative parce que je ne suis pas la candidate « parfaite ». Sauf que si je ne postule que sur les offres dont je remplis 100% des critères, ça me ferme une quantité de porte assez hallucinante en fait.

Mesdames, quand vous chercherez du boulot, rappelez-vous ce chiffre : 60% versus 100%.

Je ne vais pas vous mentir en disant que depuis cette révélation, j’ai envoyé des millions de CV et décroché les jobs les plus cools du monde. Mais n’empêche ça m’a fait sacrément réfléchir, et que je postule pour des annonces que j’aurais refermées auparavant, avec un petit pincement au cœur parce que le job me plaisait vraiment mais que je ne remplis pas tous les critères requis. Je n’ai pas à être parfaite pour accomplir un job. Personne ne l’est. Alors j’enverrai mon CV quand bien même je ne remplis pas toutes les cases.

J’espère que vous en parlerez partout autour de vous, que ça fera réaliser aux femmes (à certains hommes moins confiants aussi) qu’elles se brident pour pas grand chose, et aux hommes qu’ils pourraient encourager les femmes à candidater bien plus. Il faut qu’on change cette mentalité idiote. Partagez-moi ça sur Facebook, ou Twitter, ou là où vous voulez. Parce que chercher du boulot c’est déjà pas bien marrant, alors ne nous rajoutons pas des obstacles supplémentaires.

Cordialement, bisous.

 

 

Références :

 TedTalk de Reshma Saujani : Apprenez aux filles à être courageuses, et pas à être parfaites

Désolée pour les articles ci-dessous je n’ai pas trouvé leur équivalent en français…

Forbes : Act Now To Shrink The Confidence Gap

The Atlantic : The confidence Gap

 

 

 

Crédits image :  maxpixel.net

2 thoughts on “Rercherche d’emploi : à 60% de compétence, je me lance !

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