L’hommage à Simone

Mes petits chats,

 

J’avais annoncé sur la page Facebook la venue d’une prochaine vidéo, mais il va falloir attendre encore un peu. Désolée. C’est pas le moment, le karma s’est un peu ligué pour reculer la chose.

Samedi soir il y a eu un attentat à Paris, sans dommage pour mes proches mais ça a remué des sales souvenirs. J’ai très mal dormi, et quand le téléphone a sonné au matin à 9h, j’ai failli ne pas décrocher dans la brume du sommeil. C’était Maman, j’ai pensé qu’elle avait vu les nouvelles, et qu’elle voulait savoir où j’étais, si j’allais bien. Rien du tout.

C’était pour me dire que ma grand-mère s’était endormie tranquillement la veille au soir et qu’elle ne s’était pas réveillée ce matin.

Ma grand-mère était malade depuis plusieurs années, son état physique et mental s’était beaucoup dégradé, et depuis quelques semaines elle avait encore baissé, ne bougeant presque plus et ne parlant que très très peu. On devait s’y attendre. On devrait, oui. Mais on a beau s’être habitué à l’idée que c’est une personne de plus de 80 ans, pas bien portante, et que c’est dans l’ordre des choses, ça fait tout drôle quand même. Elle était malade depuis plusieurs années, elle ne me reconnaissait plus trop depuis un an ou deux, la communication était de plus en plus difficile, mais elle était là.

Elle était là.

C’était la dernière de mes grands-parents, je n’en ai plus aucun à présent.

Ce soir je suis triste et contente à la fois, à dire vrai je n’ai même pas (encore) pleuré. Elle est partie en douceur dans son sommeil et c’était le « mieux » qui pouvait arriver. Alors ce midi on a déjeuné avec mes frères et Sara, on a décidé d’acheter du rosado avec un petit coup de saucisson en souvenir des innombrables apéros partagés avec elle pendant les vacances d’été, et on a trinqué à notre grand-mère sans pleurs ou sanglots.

Je n’ai pas envie d’être triste en pensant à elle. C’était une personne qui a eu une vie pas toujours facile, elle a subi enfant la seconde guerre mondiale, traversé toute seule le Maghreb après la fermeture de son pensionnat pour rejoindre la caserne où étaient ses parents, perdu son père et sa mère très jeune, été veuve très tôt. Pourtant elle est restée d’une indéfectible gaieté. Je veux me rappeler les fous rires, les fois où elle venait au théâtre avec ses amis à Paris, les pieds de porc pannés qu’on baffrait à l’occasion toutes les deux, les « pestacles » de mômes qu’on lui infligeait chaque année avec mes cousins pour son anniversaire, les couscous pantagruéliques, les plateaux de fruits de mer désossés pendant les vacances d’été, son amour du rugby, ses gros mots en arabe, toutes les fois où elle nous a déshérités. Les repas de Noël avec toute la famille en train de hurler de rire dans sa maison toujours grande ouverte, le téléphone quand j’annonçais « Allo mère-graaaaand??? » et qu’elle répondait « Oui fille petite??? ». Les fois où on montait en voiture et comme je n’ai pas mon permis je braillais : « En voiture Simone, c’est toi qui conduis, c’est moi qui klaxonne!!! »

Oui, en voiture Simone. Mes deux grands-mères s’appelaient Simone, raison pour laquelle mes parents l’ont inscrit en deuxième prénom à mon état civil. La raison aussi pour laquelle ce blog s’appelle Minute Simone, en hommage certes aux grands noms tels que Simone de Beauvoir ou Simone Veil, mais je pensais surtout à mes grands-mères quand j’ai choisi. Je n’ai certes pas connu Beauvoir ou Veil, mais moi j’ai quand même eu deux Simone dans ma vie, et les deux miennes étaient des femmes courageuses avec un sens de l’humour solide et une immense bienveillance. Je suis très fière de m’appeler un peu Simone grâce à elles.

Je vais peut-être avoir un peu de mal à changer le monde là tout de suite, le temps de digérer cette perte. Mais je reviendrai après avec une mère-grand Simone sur chaque épaule, Monette et MamSi, une de chaque côté pour m’inspirer et me donner du courage. Je vous reparlerai d’elles, parce que je peux les mettre dans la catégorie « Femmes modèles et inspiration » sans problème. Je souhaite à tout le monde d’avoir des grands-mères aussi chouettes que l’étaient les miennes, et si vous en avez encore une ou deux avec vous, faites-leur un câlin de ma part.

Je vais aller me coucher en espérant faire un beau rêve d’elles et de toutes les grands-mères du monde.

Bonne nuit, Simone.

 

 

6 thoughts on “L’hommage à Simone

  1. C’est un point commun avec Max qui lui aussi avait avec ma maman qui s’appelait Simone une grand-mère qu’il adorait…catégorie forte personnalité. J’ai un charmant porte-clé retrouvé chez elle avec comme texte un « en voiture Simone » que je te destine! Je t’embrasse fort.
    Pascale

  2. Merci Pascale pour ce gentil message, je crois qu’en effet les Simone ont un caractère bien trempé ! Je serai ravie de recevoir ce porte-clé héritage, sait-on jamais, avec ce porte-chance je finirai peut-être par avoir mon permis un jour…

  3. Une perte de connection m’a tenue éloignée de Facebook et je ne découvre que maintenant ton texte… Toutes mes condoléances, je sais que ce n’est pas facile. Gros bisous, bon courage ? je pense fort à toutes nos Simones

    1. Merci Annabelle, on a eu des Simone formidables en effet dans nos vies et c’est une chance, même si là en ce moment c’est moins drôle…

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